Le village de Batchor
Une passerelle comme je vais en franchir tant d'autres plus tard
De Batchor, où nous arrivons facilement, à Sardem, nous louons une voiture. Dans les descentes le chauffeur se met en roue libre, et dans les côtes trois passagers doivent marcher. Je ne me rappelle pas s’il y a eu des sections planes, mais ça ne nous a pas empêchés de crever le seul pneu en bon état de la voiture.
Après avoir repris notre marche, nous sommes invités au passage par Kolia dans la belle maison pamirie de ses parents. Kolia est très hospitalier, mais surtout très bavard et très séducteur vis-à-vis d’Eva. Il lui offre des griottes cuites, et j’en mange autant qu’elle, alors qu’il faudrait en laisser un peu au fond du bol pour prouver que nous sommes repus et satisfaits…
Dans l’après-midi, je suis seul avec le petit-neveu de Kolia, et nous inventons des jeux avec les graines volantes. Les graines volantes ressemblent fort à nos graines de pissenlit, en beaucoup plus gros. La première manche se joue face-à-face en combat singulier, chacun soufflant à qui mieux mieux pour renvoyer la graine chez l’adversaire. La deuxième manche se joue sur une ligne de départ, et d’un seul souffle la graine doit s’envoler le plus loin possible. Nous jouons ainsi pendant une heure, et cela nous tourne la tête. Ensuite mon petit camarade va dormir tout nu, mais sans quitter sa casquette.
Le dîner nous est servi alors dans des bols individuels où nagent, dans un bouillon, oignons, pommes de terre, et morceaux de viande. Autant le dire de suite, pour moi cette viande-là n’est pas ingérable. D’ailleurs Eva et Cédric admettent que ce sont de bas morceaux. Je ne sais pas vraiment comment je réussis à déclencher le téléphone portable de Kolia pour détourner son attention, mais j’en profite pour transvaser toute ma viande dans son bol à lui. Las ! Cela fait sans doute partie de son jeu de séduction, il l’expédie illico dans le bol… d’Eva !
En pleine nuit, nous sommes réveillés par des chuchotements de conspirateurs, entrés en catimini, qui offrent leurs précieuses trouvailles à nos yeux éberlués : dans le faisceau cru de ma lampe frontale chatoient de tout leur éclat les rubis du Pamir ! Et mon imagination me rappelle que c’est cet éclat-là qui parait Roxane quand elle a tapé dans l’œil d’Alexandre. Pour preuve son nom est persan et signifie « lumineuse ».
Mais ne rêvez pas quand même, ces rubis-là, devant nous, microscopiques, ne sont pas si rouges que ça…
Au sud de notre parcours, la M41 est la célèbre Pamir Highway
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