30 août : L'or en fusion

Froid glacial, ce matin. Je pars, pieds et mains gelés, couvert de quatre épaisseurs : chemise, polaire, doudoune et coupe-vent. J’approche d'une cahute, quand quatre chiens se précipitent vers moi en aboyant. Le «répulseur» à ultra-sons est enfoui dans mon sac, que je détache en catastrophe. Mais, non ! Les chiens agitent la queue en signe de bienvenue. Au Tadjikistan tous les chiens que j’aurai rencontrés se seront montrés amicaux.











La cahute est sommaire et fruste mais n’est occupée que de juin à septembre. Trois adultes et quatre enfants, plutôt crasseux, vivent dans cette petite pièce sombre pendant trois mois.  Par contre le poêle ronronne agréablement, et je suis servi généreusement : grand bol de kéfir (le lait caillé), grand bol de lait tiède, tasse de thé et pain. 
Et crasseux, il faut bien dire que je le suis aussi. J’ai beau plonger dans les torrents, les ongles restent noirs, les oreilles pleines de poussière, et les cheveux en pétard. Dans toutes ces maisons, quel que soit leur confort, je suis surpris à la fois par la négligence des habitants et par l’ardeur des femmes à balayer. J’ai vite pris le pli de balancer le fond de ma tasse par terre avant d’être resservi, mais je ne me suis pas mis à cracher à tout instant des glaviots gras sur le sol…


Quelle surprise : des champignons à cette altitude !




Un troupeau dans une tourbière inattendue






Je poursuis l’ascension vers le lac. Le trajet devient dantesque après le passage laborieux d’un torrent : je perds le vague sentier, et suis contraint à un parcours au petit bonheur dans une rocaille parfois monstrueuse de gros blocs hostiles à escalader. Puis je gravis en ahanant un pierrier instable trop incliné. Au bout de 18 kilomètres, à l’arrivée au lac, je suis éreinté et ne tiens plus debout. Je m’offre un bain rapide sous le regard réprobateur des marmottes (je sais leur réprobation aux coups de sifflet qu’elles émettent). L’eau a une couleur turquoise irréelle, presque opaque. Elle est sublime et pourtant trouble : je ne vois pas mes pieds. Ce bleu turquoise n’a rien d’austral, mais n’atteint pas dix degrés Celsius. A une altitude de 4000 mètres, long de 3,5 km, le lac Khavraz est alimenté par un bras du glacier de Fedchenko.


Ces mares annoncent le lac





Ce premier petit lac m'a laissé croire que j'étais arrivé


LE LAC KHAVRAZ !

Je crois que vous n'allez pas en croire mon appareil photo : les couleurs du lac Khavraz offrent une palette fantastique quand le bleu turquoise vire à l'or sous le soleil du soir, et quand les berges s'y fondent et s'y confondent.


Le sifflet des marmottes rompt un instant ma fascination
Les voyez-vous ?






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