13 août : Quand la terre frôle le ciel

Je traduis le guide qui, pour d’énigmatiques raisons, paraît souvent plus plausible que ma propre prose à mes propres amis : « L’une des principales attractions est le vol Dochanbé-Khorog, lequel, selon la confiance que vous accorderez au pilote, sera l’expérience la plus excitante ou la plus terrifiante de votre vie. Pendant l’ère soviétique, cette ligne était la seule pour laquelle Aéroflot offrait une prime de risque à ses pilotes…
Prenez un siège sur la droite pour les plus belles vues sur les villages afghans.»
Mais j’ai quand même réécrit ce texte dans le mail qui suit :


Ainsi, le vol Dochanbé-Khorog c’est du délire, et c’est peu de le dire.
Un coucou c’est ça :
- petite carlingue pour 17 personnes, on y entre par le cul grâce à  un escabeau,
- deux hélices suspendues, on croit qu’elles vont exploser dans les hublots…
- le pilote est dans un scaphandre.
Qui dit que j’exagère ? A peine, je le jure



Ensuite, sans prendre d’altitude on franchit les cols au ras du sol et, pour participer, on tente de  pédaler avec les jambes, mais d’un coup, sans prévenir, on plonge dans la vallée suivante avec un haut-le-cœur.



Les panoramas sont à la fois écrasants et émouvants : les pics sont des barrières acérées et je les regarde de bas en haut comme un petit garçon, mais les villages sont attendrissants entre leurs champs en damiers accrochés en équilibre. En hiver, dit-on,  les ailes font virevolter la neige des parois rocheuses en les frôlant. En cette saison, elle est gelée et colle aux roches. Jamais ces avions ne percutent les parois, le seul qui a disparu a rencontré malencontreusement une roquette afghane... Ah oui, j’ai oublié de dire que l’avion franchit la frontière pour survoler délibérément le pays voisin, car, c’est vrai, c’est plus court. J’ai sauté dedans sans avoir le temps de dire ouf, ça tombait bien.
Bref, j’ai frôlé le paradis et je vais faire d‘autres tentatives (différentes, rassurez-vous) pour le toucher du doigt.


A l’arrivée, prosaïquement, je déjeune avec Eva et Cédric de brochettes de poulet aux oignons et de thé vert. Avec générosité, ils m’offrent leur compagnie pour nos premiers pas dans ce pays.

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