15 août : Un scénario sur le Mal des montagnes

Je quitte Eva et Cédric qui souhaitent passer par le village de Bulunkul, alors que je préfère découvrir « Le Geyser ». Nous nous retrouverons sur la rive nord du lac Yashilkul.


 
Yourte blanche

Je descends dans la plaine d’Alichur pour longer un lac saumâtre, puis traverser des pâturages où courent des ruisseaux bien venus car mon gosier est cartonné, où paissent des yacks placides, où s'égosillent des colonies de marmottes rousses que j'inquiète.


Cherchez la famille Marmotte (cliquer sur les photos est toujours possible)

Devant ma première yourte une femme est occupée à sa lessive, et plus loin sa famille fauche à grands gestes une herbe aquatique. Mon langage persan ne déclenche que fous-rires d’incompréhension ! Les nomades, comme vous le voyez, sont kirghizes, et leur langue turque. 




La plaine est inondée, et je dois escalader crête après crête pour progresser vers l’ouest, en un trajet long, long, long et épuisant. Cette  mise en orbite inattendue à une altitude de 3720 mètres sur le plateau, alors que je viens du zéro des cartes et avais prévu une ascension lente en vallée, me coupe le souffle. Je remonte quand même un petit cours d’eau qui me semble ferrugineux, dans l’espoir vain qu’il me mène au geyser.


Je longe ensuite tant bien que mal, les contreforts de la plaine entre marécages et falaises, contre un vent violent et sec qui m’assoiffe, et suis déçu à chaque incurvation qui ne dévoile ni lac, ni gué. 


En désespoir de cause, je monte sur le plateau pour retourner vers Bulunkul, et m’écroule au pied d’une dune, avide de m’allonger sous ma tente après 35,5 km de déambulations. Avec un soupçon de migraine, seul et obnubilé, je fantasme sur le mal des montagnes. La solitude a des effets de perversion sur mon imagination, et ce n’est qu’un début. Convaincu de mon « insensibilité » physique, je range bien mon paquetage, dans l’éventualité d’un sommeil définitif. Et je m’endors, rompu, à 18h30 !



Le lac Yachilkoul en haut à gauche

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