14 août : La Pamir Highway

A cause des crues, nous acceptons de partir à la découverte du lac Yashilkul, plus calme que les rivières, et il nous faut une voiture pour parcourir 185 km sur la M 41, la célèbre "Pamir Highway". 
Ça commence bien, sur le trottoir, par des tractations dont personne ne voit l’issue, censées nous mettre sur le grill pour accepter un prix exorbitant : nous calculons encore en euros, et du coup, nous sommes tout à fait insouciants, et "ça va, ça va", il n’y a plus qu’à partir, après avoir entassé neuf passagers dont un bébé au sein dans une vieille jeep soviétique. 


Un kilomètre plus loin, pour le ravitaillement en carburant, auprès d’un camion citerne enraciné sur le bas-côté, il faut d’abord trouver un marteau et faire céder le capuchon du conduit.


Puis enfourner un grand entonnoir en fer blanc dans lequel on jette ensuite l’essence par seaux pleins qui valent unités de mesure. Les passagers, c’est nous, avancent alors les frais.



Deux kilomètres plus loin, après avoir plus ou moins perdu la route, une panne menace, et le chauffeur s’accroupit sur le moteur et sous le capot pour rafistoler le tuyau défaillant avec les moyens du bord. Ça marche.

Trois kilomètres plus loin, c’est le contrôle d’identité routier, et le policier de faction, rogue et exclusivement russophone, entraîne Cédric dans un bureau isolé pour lui extorquer un bakchich sous un prétexte fallacieux. Ça marche pour lui, le policier (car nous n'envisageons pas de renoncer à notre voiture déjà payée). Je reviendrai, par mesure de représailles, sur cette corruption généralisée de la police tadjique.

Ensuite, pendant des kilomètres et des kilomètres, la route est infernale, et notre chauffeur n’a pas de politique établie vis-à-vis des nids de poules ou des ornières qu’il néglige quand ils sont majestueux, qu’il évite soigneusement s’ils sont microscopiques, tout en s’obstinant à rouler sur le côté gauche quel que soit l’état du revêtement qui est le plus souvent absent.

Au bout de 130 km, à Jelondy, dans la nuit qui tombe, il juge que nous méritons une halte et nous entraîne dans un bâtiment isolé où nous sommes d’emblée séparés d’Eva. Eh, oui, c’est un hammam où l’on patauge tout nus ! Je décris la scène dans le mail qui suit.

Enfin, dans la nuit noire et le vent, nous sommes abandonnés à notre sort au débouché d’une piste, et plantons nos tentes, pour la première fois, sans sardine sur un sol dur, près de celle de deux polonais. Les toiles vont claquer toute la nuit, et là-bas petite pluie n’abat pas grand vent, mais tout résiste. 

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