24 août : Qui a peur de l'eau ?

Parce que j’ai un souvenir précis du parfum des melons évoqué par Nicolas Bouvier aux prises avec un barbier, je cherche un coiffeur villageois dans le petit matin odorant. Celui entre les mains duquel j’échoue, l’est-il ? 
Je ne sais, car il officie en plein air, c’est bon pour les parfums, mais la tondeuse ronronne sans rien couper, et les grands ciseaux viennent de la cuisine. Certes il s’applique avec ardeur, et j’en sors ébouriffé mais bel et bien déplumé.






Après quelques kilomètres, accompagné par mon hôte de Baqou jusqu’à la maison isolée de ses ancêtres, me voilà seul, et j’avance d’un bon pas, vers Visav que vous prononcerez Vissao, en souvenir de l’alphabet arabo-persan. Là, une pluie drue me surprend et je quête un abri chez des villageois, surpris me semble-t-il, mais prêts à toutes les fantaisies : pourquoi, en effet, partir sur les routes si l'on a peur de l'eau ?





Plus loin, une équipe de géologue occidentaux, déléguée pour reconstruire les pistes, me confirme que la route est coupée en maints endroits, mais que les piétons tenaces passent. Même s'ils ont peur de l'eau ?

Parmi les signatures en cyrillique, les pétroglyphes ancestraux de Sipondj
illustrent bien les bandes dessinées de l'âge du bronze.

A mi-chemin entre les villages de Sipondj et Razoudj, j’ai parcouru 31 km et un petit carré dégagé de terre sèche va accueillir ma tente.
Sèche ? Vraiment ?
...Je vais finir par croire que, oui, j'ai peur de l'eau...
Dans la nuit, un bruit de galets qui roulent sur la piste proche me réveille, et je reste alors attentif aux frémissements de la toile. Les sons qui m’entourent prennent des couleurs suspectes dans la solitude de la nuit, et j’invente des histoires de trafics illicites, qui heureusement  ne gâchent pas longtemps mon sommeil.    




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