21-22 août : Week-end à Xorog

xouch omaded, "Bienvenue", en tadjik

Contre espèces sonnantes et trébuchantes, je dois absolument faire enregistrer ma présence auprès de l’OVIR, et les bureaux ouvriront lundi, pas avant…  Deux jours à baguenauder ici.





"dorouxona" en tadjik, pour "dârouxâné" en iranien
Je reviendrai sur ces différences linguistiques

Au dîner sur la rivière, samedi, Cédric me présente Clara Arnaud, étudiante à Sciences-Po et globetrotteur, auteur de « Sur les chemins de la Chine » chez Gaïa. En dehors de ces chemins, parcourus seule, à 21 ans,  le plus souvent à pied,  elle a aussi passé une saison dans les pâturages kirghizes. La voilà au Tadjikistan. Il est question que Cédric illustre ses livres de voyage. Sa vivacité et sa ténacité sont contagieuses. Quelle audace ! Allez voir son site :



Quant à son livre dont le titre initial "La Chine chemin faisant" vous révèle un fort talent d'écrivain, il va me surprendre par l'expression de sentiments qui sont les miens en prise avec la solitude, et par une traduction subtile des doutes ou au contraire de l'assurance que j'ai vécus.

Dimanche je passe un moment dans le parc, et attends patiemment devant le toboggan qu’un enfant veuille bien l’emprunter afin de le photographier pour Valentin, adepte inconditionnel de ce sport. Aucun ne vient. 


J’explique alors la situation à Tchorchanbé  et Sobircho, et, ni une ni deux, ils grimpent et glissent avec entrain devant mon objectif. Tchorchanbé est certainement né un mercredi, son curieux prénom désigne ce jour de la semaine. Il est très très myope, mais cela semble lui donner une grande assurance dans les sports de glisse.


A eux deux, ils entament un petit concert très stimulant et joyeux : Sobircho se contente d’onomatopées bien rythmées sur lesquelles Thorchanbé improvise une petite mélodie enjouée. Je les en félicite quand un adolescent hargneux affirme qu’ils lui cassent les oreilles !

Sobircho porte le petit calot pamiri habituel

Après le dîner, je rentre seul dans les rues sombres, et ébloui par des phares, m’écroule dans une fosse. Je crois qu’il s’agissait simplement d’un de ces caniveaux profonds de 50 à 80 cm, et larges d’autant, en plaques de béton, qui courent dans toutes les villes d’Asie Centrale, et peuvent être encombrés de débris divers plus ou moins agressifs. Je sens bien que le sang coule sur ma jambe gauche, mais, arrivé au « homestay » suis surpris par la couleur de mon pantalon : la jambe n’est plus qu’un torchon sanguinolent et la sandale un bloc de poussière rouge agglomérée. J’ai un trou au ras du tibia, sur lequel j’applique un pansement compressif, qui va rester là 5 semaines, et je me couche la tête en bas. Je râle contre la perte de ces globules bien enrichis depuis huit jours par l’altitude : tout est à recommencer… Encore un petit incident négligeable sur lequel je vais pouvoir broder à loisir, seul dans ma tente, tâtant scrupuleusement ma jambe dans l’attente (vaine) du moindre signe de gangrène qui compromettrait mon périple.

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