27 août : Le rituel qui tue





Pour moi, revenu d'Iran, cette scène est significative : croiser deux jeunes femmes emmitouflées à qui vous quémandez une photo, et qui aussitôt découvrent leurs visages. Effectivement, le foulard est là uniquement comme protection contre le vent, le soleil ou la poussière.











Je me précipite sur chaque petit torrent ensoleillé pour me laver, moi et mes vêtements. L’eau est toujours glaciale, et il n’est pas question d’y tremper si le soleil n’est pas au zénith. Cela limite les occasions, et je ne dois pas les laisser passer. Alors, plus d’une fois j’ai failli être surpris en pleines ablutions. Aujourd’hui, la priorité, c’est shampoing et bain de pieds pour décongestionner ma jambe enflée. Pimpant et parfumé à l’eau des cimes, je suis invité par le villageois qui ramassait du bois en aval.



Le village est récent et ne compte que dix maisons. La sienne, bien modeste, sur terre battue, est envahie par une huitaine d’hommes. Je n’ai pas le temps de goûter à mon thé, que l’un d’entre eux, près de la porte, entame une litanie. Je comprends que c’est le khalifa, le guide religieux du village. Par mimétisme, je tiens mes mains en offrande devant moi comme les autres membres de l’assemblée, puis les passe aussi sur mon visage à la fin du monologue. Ces manifestations de dévotion sont souvent un peu malhabiles et timorées, car j’ignore toujours si j’y suis autorisé, ou si elles risquent de passer pour blasphématoires…

Le four à pain

Les nœuds sur les bottes de foin m'ont fasciné

Toujours est-il que maintenant le khalifa bénit un large couteau effilé qu’il tient d’une main experte au dessus d’un bol blanc. Je suppose, avec quelques frémissements, qu’il s’agit d’un bol sacrificiel destiné à recueillir un liquide rouge. Je m’aperçois au même moment que l’unique porte est loin de moi, et peu accessible. Ces manipulations du couteau me laissent le temps d’écrire un petit scénario fantasque où je joue le premier rôle, quand surgit à la porte la tête insouciante d’un mouton. Je redescends sur terre, trop content de voir ce benêt de mouton. J’en oublie malheureusement de suivre le khalifa, et je vois peu après revenir l’animal en pièces détachées dans une bassine sans avoir entendu le moindre cri.
 L'alphabet cyrillique sur les noms persans mérite tout un chapitre, 
j'y reviendrai. Ici, le village de Yapshorv, 231 habitants.


Sur une photo de 2004, cette pelleteuse, que vous devinez sous la falaise, était mon meilleur argument pour vanter l'entretien des pistes du Pamir. Las ! Je la retrouve au même endroit exactement en 2010 !





Les gamins tout nus ont vite enfilé leurs caleçons pour la photo

Le soir, j’arrive épuisé à Nissour après 30 km, et provoque une grande perplexité parmi les femmes de la première maison où je m’adresse. Elles me refilent à leurs voisins qui m’offrent l’estrade extérieure pour dormir.





Remarquez la maison bicolore : Nissour, un village raffiné !





Je réussis à faire comprendre que j’aime ma tente, et que je déteste les petits animaux qui ressemblent à des mouches et qui piquent. J’obtiens gain de cause. Comment se fait-il que je ne sache pas dire "moustique" ? Bzz, bzz, paché, paché... 
Un vieux monsieur en barbe blanche et chandail brodé me tient compagnie en attendant le dîner de pommes-de-terre et de grosses nouilles.










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