La Maison Pamirie

Faisons une pause et suivez-moi, il est temps d'entrer dans la grande et belle maison pamirie ! D'autant que la grande maison du Pamir est un modèle pour toutes les maisons de la vallée jusqu'aux plus modestes.
Dans la belle maison pamirie, la pièce principale, où l'on peut prendre les repas et dormir, permet la réception des invités. S’y ajoutent une autre chambre et une cuisine que ces derniers peuvent à peine entrevoir.
Cette grande pièce est cernée sur trois côtés par de larges bat-flancs couverts de tapis sur lesquels sont posés le carré de toile cirée qui sert de nappe pour manger accroupi, et les matelas et couvertures qui permettent de dormir.

Ici, en ville, la table prouve qu'il s'agit d'un "homestay" pour touristes,
mais le cadre est authentique

A l’entrée de la pièce et sur les angles des bat-flancs, cinq piliers symbolisent les prophètes révérés par les ismaéliens, Mohamed, Ali, Zohra, Hassan et Hussein. Zohra est ici le nom de Fatima. Entre les deux piliers d’entrée, un linteau sculpté comporte toujours la date de construction.



Les piliers soignés sont décorés : ici, une sculpture en fleur de lys !

Le plafond très caractéristique est constitué de caissons en pyramide, dessinant quatre étages d’ouvertures carrées de tailles décroissantes décalées de 45° l’une par rapport à l’autre, pour aboutir à un puits de lumière, qui est souvent la seule fenêtre de la pièce.





Les matelas et couvertures sont empilés bien pliés dans un coin. Les murs sont décorés de tapis, et souvent d’une tenture moderne bariolée représentant un gros mammifère, ours ou tigre.


Une photo de l’Agha Khan, très respecté et aimé, est toujours fixée à l’un des piliers.



Un buffet haut, vitré, expose la vaisselle de faïence, de style chinois. 
Le sol de l’espace central est couvert d’un linoléum uni.



A l’extérieur, une estrade sur pieds, cernée de rambardes et abritée de toile, sert aux repas ou au repos pendant l’été.

Une estrade modeste près d'une maison isolée

Dans les maisons modestes, la pièce est petite, voire unique, avec un seul bat-flanc, le sol est de terre battue, la charpente est simple, mais les piliers, dont quelques-uns sont collés aux murs, et le puits de lumière, sans sa pyramide, sont presque toujours présents.

Près de l'antenne parabolique, la petite verrière du puits de lumière


Ici, le puits de lumière n'est qu'une ouverture carrée. Les abricots sèchent sur le toit. Vous constatez que les maisons n'ont qu'un seul niveau, et que les murs de pierre sont recouverts d'un torchis. Dans les villages coquets ce torchis est passé à la chaux. Dans les villages raffinés, cette chaux blanche est peinte sur un mètre de rose ou de jaune d'or.

Pour nous, ce qui pèche dans ces maisons, quel que soit le standing, ce sont les "commodités". Le salon ou la cuisine vont faire office de salle de douche, et un grand bidon métallique y est la réserve d'eau. Ah ! je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas d'eau courante, mais il y a toujours un petit torrent à proximité (à l'extérieur, évidemment ce qui doit être rude l'hiver). De ce grand bidon, on prélève l'eau par louches sans se préoccuper des flaques qui inondent le sol et sèchent en effet vite car l'air est très sec.



S'il faut bien parler des "toualetts" de ces maisons des vallées, vous risquez d'être un peu réticents et la constipation va vous guetter. "toualett" est un mot persan et tadjik pourtant facile à retenir. Si vous avez de la chance, vous aurez, un peu à l'écart, une sorte de petit cabanon avec une pseudo-porte ou un semblant de rideau plastifié, qui sert à tout le village avec parfois même deux trous jumelés et une évacuation directe sur la rive. Sinon, un muret bas  à côté de la maison, au vu de tout un chacun fait l'affaire, et au pire le coteau mal défini qui surplombe la rivière est un bon palliatif officiel
.



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