26 août : Les recettes vitales



Ai-je déjà décrit le menu du petit-déjeuner ? 
Ce matin, il est pamiri, traditionnel et typique, je n’en aurai plus d’autres. Pour commencer, vous voilà en possession d’un bol : c’est un grand bol, c’est presque une soupière. C'est dans ce bol que vous est versé généreusement le chir-tchaï. Ça, c’est mot à mot le thé au lait ; j’écris avec un enthousiasme rétrospectif «du thé avec un nuage de lait». 
A l’anglaise allez-vous croire. Pas tout à fait, car il arrive bel et bien salé. 
A l’anglaise ? Pas vraiment, car vous y jetez vous-mêmes du « beurre ». 
Ce beurre est resté énigmatique pour moi : non, il ne s’appelait pas beurre, et je voyais bien qu’il était toujours contenu dans la même boîte jaune couverte de caractères cyrilliques. Une boîte tout à fait comparable en proportions à celle de la Ricorée chez nous. Et j’ai eu confirmation qu’il n’était pas fabriqué « à la maison », mais cela ne me donnait pas sa nature exacte, si ce n’est qu’il était « végétal » et « sans cholestérol ». Moi, j'étais... sceptique. J'ai dû traduire sa composition de retour chez moi : c’est du beurre de soja !

Désolé, je n'ai pas d'autre photo de ce beurre primordial...

Là-bas, je l’ai récolté à la cuiller avec entrain pour le verser dans le thé au lait salé, où il fait des yeux bien jaunes. Puis, j’ai rempli mon bol à ras bord du pain sec de la veille, qui aurait été immangeable autrement, et mon petit-déjeuner était prêt. Dans le Pamir, pour moi, tout ce qui se met dans l’estomac est bon à prendre, sauf le mouton gras bien entendu.


Cette villageoise porte le collier en perles d'eau répandu dans toute l'Asie Centrale

La corvée de bois



La myopie dans le Pamir

Les petits calots pamiris


La rivière est très encaissée, depuis hier, entre des parois rocheuses nues, et les courbes sans perspective se succèdent, comme des culs-de-sac qui vont s’ouvrir au dernier moment.

Regardez bien la photo.
Mon prochain chapitre : sur les passerelles, promis !

Après le village de Tchadoud, la piste est dans un état de délabrement qui paraît irrémédiable, effondrée sur de longues sections, envahie par des éboulements instables. 


Dans un coude élargi, une tchaïkhâné isolée m’accueille pour le dîner, et je mange avec appétit, et en partie, deux morceaux de viande ni grasse, ni dure, qui trempent dans un bouillon avec trois morceaux de pommes-de-terre bien cuits qui ont certainement mijoté tout l'après-midi dans une bassine sur le feu extérieur. 



La fille de la maison m’apporte un broc d'eau chaude en me voyant laver mes vêtements dans le ruisseau. Vous les voyez sécher.
Et là, je trouve un emplacement « sécurisé » pour ma tente. 



Je reviendrai bientôt sur l'impact physique et psychologique de l'alimentation pamirie chez le globetrotteur naïf (qui vient d'avaler 30 km).

1 commentaire:

  1. Les yeux jaunes dans le thé au lait !
    Je crois que je préfère le gras de mouton, et pourtant, ça ne m'inspire pas non plus.
    Heureusement il y a l'assiette du diner.
    Finalement c'est un voyage que je ne pouvais pas faire à cause des yeux jaunes. Sans petit déjeuner c'est impossible.
    Marie Hélène

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