8 septembre : Sollicitude et Mammifères




J’ai dormi à poings fermés, et n’ai pas même entendu les loups dont j’ai été menacé hier. La sollicitude des villageois à mon égard redouble quand ils comprennent que je suis seul. Et ça, c’est un vrai sujet de conversation, je l’ai rôdé peu à peu comme une rengaine :

Où sont tes compagnons ?
Ils ont restés en France !
Tous ? 
Ben, oui…
Alors tu es seul ? 
Seul, oui, tout seul !
C’est pas croyable… Pourquoi ne sont-ils pas venus ?
Je crois qu’ils ont eu peur !  
(Ils vont être contents de la réputation que je leur fais…).
Et toi, tu n’as pas peur des loups ? Seul la nuit ! Tu dors où ? 
Là, vous savez maintenant que je parle de "palatka" et non de "tchâdor".

Franchement, c’est pas mon problème toutes ces bêtes promises dont je n’ai pas vu l’ombre. Le loup, l’ours, le léopard. Le léopard, l’ours, le loup. Je suis plutôt dépité et je crois revivre mon expérience avec les sangliers iraniens qui pullulaient mais toujours en dehors de mon rayon d’action. Pourtant je me dis que la peau des petits saucissons délectables pourrait attirer quelque gourmand : alors je la disperse autour de ma tente, mais prudence est mère de sûreté, et pas question que ce soit devant la porte de sortie ! On ne sait jamais. Et mon opinel est toujours, toujours, à portée de main quand je suis allongé.
Figurez-vous que je suis beaucoup plus inquiet avec les chiens ! C’est l’expérience encore… Et même si tous les chiens tadjiks m’ont pris en amitié, comme celui-là qui m’a accompagné tout un après-midi, ce dont j’étais bien aise car il était ma garantie contre ses congénères, j’étais forcément méfiant dès que je distinguais des empreintes de canidés sur le sol. Car, sachez-le, les empreintes étaient toujours énormes, et quand les empreintes sont énormes, que suppose-t-on pour les canines ? 
Je vous le demande !





Alors, je veux aller à Tchadegiv, où j’aperçois des abricotiers, car le village est abandonné, trop difficile d’accès de l’autre côté de la rivière, et j’imagine y dormir tranquille loin des hommes. Ce n’est pas que je sois misanthrope, mais loin des hommes n’est-ce pas plus près des animaux ? 
Ce village isolé, « au delà du fleuve et sous les arbres », donne sur la montagne, et la montagne est haute. 











Hugo Boss !  Enfin un qui n'affiche pas Adidas !
C'est un original, il avait mauvais caractère, j'ai dû l'amadouer.







Ma caverne au milieu de la photo


La passerelle n’est pas pire qu’une autre, mais il faut longer la falaise sur une bonne distance, en équilibre sur un petit dévers, et plus loin déchausser pour passer dans l’eau. Evidemment, à regarder mes pieds, je me trompe d’itinéraire, et je me retrouve dans une caverne à mi-hauteur entre l’eau et le ciel (c’est un peu exagéré en hauteur, cette localisation, mais quand même je n’avais pas intérêt à tomber). Alors, tintin pour les abricots ! Et en plus, dans la grotte je n’ai même pas rencontré le mouflon de Marco Polo que j’avais convoqué !


Essayez de discerner l'anneau de bois,
qui sert de nœud coulant pour porter ces bottes.




Un père et ses fils dans le chantier de leur maison en construction


Le courant reste impétueux


Mon chemin court sur la rive droite,
et la rive droite est ici à droite sur la photo.






Ces petites cahutes, reliées par canalisations aux torrents, 
abritent des générateurs sous la responsabilité d'un des villageois.



Les paraboles du XXIème siècle



Ces curieuses strates sont naturelles, 
comme on le voit sur la photo suivante.










Bon, oui, d’accord, aujourd’hui « je me la joue » . Et pour tout dire, je vais dormir sous un pommier, et compter… les moutons. 
J'ai quand même fait ma lessive : les vêtements sont suspendus dans les branches. Pour les kilomètres, c'est : 25.


2 commentaires:

  1. J'aurais bien voulu moi aussi essayer d'approcher tous ces animaux,mais apparemment c'est peine perdue comme en IRAN.Par contre toutes ces belles femmes ont l'air tres faciles a aborder et cela m'aurait bien plu de mettre mes rudiments de persan en pratique;tant pis ce sera pour une autre fois.
    A bientot! Ton ancien compagnon de voyage:YVON

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  2. Je n'ai pourtant pas le souvenir de t'avoir inculqué "j'aime"...
    Alors, pour "une autre fois", articule bien :
    "doust dâram".
    Avant ça tu peux mettre un complément d'objet direct si tu veux !

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