5 septembre : Les enfants me parlent





Comme toutes les nations de par le monde, le Tadjikistan est un melting-pot de peuples différents, et la politique des Soviets a tracé des frontières qui ont accentué ce brassage. Pourtant dans les vallées reculées du Pamir, les apparences des villageois sont souvent restées très caractéristiques, et l'origine indo-européenne des tadjiks saute aux yeux. 


Une illustration du melting-pot :
quand les eaux grises rencontrent les eaux brunes !







A Goudara, le premier gamin à qui je m’adresse « ne connaît pas » Arab, qui m'a invité hier, et il m’entraîne dans sa propre maison. Ce n’est pas vraiment plausible dans un si petit village, mais je lui pardonne car il se met en quatre, et il court en tous sens pour préparer le thé quand je lui dis, par jeu, que je lui consacre trois minutes, pas plus. Il est très souriant (mais cela n'apparaîtra pas sur la photo), et fait de réels efforts d’élocution, inhabituels, pour faciliter notre conversation. Et pour moi, c’est très agréable, je ne vois pas le temps passer. J’apprends ainsi qu’il est orphelin depuis peu, et a sa  sœur cadette à sa charge. Il a environ 13 ans, et assume un petit job de distribution de fournitures scolaires : c’est chez lui un défilé d’écoliers qui repartent avec des livres d’algèbre, et qu’il n’autorise pas à traîner sur place. Je suppose qu’il veut me « garder » pour lui seul. Il est même un peu macho avec sa petite sœur, à qui il s’adresse de façon assez péremptoire, mais qui ne s’en offusque pas le moins du monde car ce doit être purement conventionnel. La maison est propre, rangée et bien tenue. Je constate qu'ils souffrent d'un strabisme familial, pathologie qui me semble fréquente depuis mon arrivée à Xorog. Le strabisme est flagrant chez la sœur, et beaucoup plus discret chez le frère. Je lui laisse un petit dédommagement, et aimerait pouvoir le joindre : un lecteur m'y aiderait-il ?





Une maman d'origine ouzbèque





Les enfants blonds


Les couvre-chefs inter-générationnels




Dans le village suivant, deux fillettes me convient à venir admirer leur petit frère, qui dort dans un berceau à bascule. Comme il ne parle pas encore, évidemment, je lui inflige tout un monologue en français : j’ai bien compris lors de mes cours de persan, qu’il était indispensable de se faire l’oreille précocement aux sons des langues étrangères. A son âge, ce bébé intègre immédiatement le «u» qui cause tant de soucis à ses aînés. Et moi, bien sûr, je dois encore réfléchir à deux fois avant d’émettre le «r dental», et s'il n'y avait que ça ! Plus tard, grâce à moi, ses parents s’émerveilleront du don des langues de leur fils.








Le bébé polyglotte










Délibérément, je plante ma tente au confluent de la rivière de Goudara et de la rivière de Murghab qui descend du lac Sarez. Je la plante au ras de l’eau, et je dors à poings fermés, après 32,5 kilomètres. 



Le confluent qui donne naissance à la rivière Bartang,
et d'où surgiraient les eaux du lac Sarez.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire