4 septembre : C'était bien un enclos à chèvres



Après avoir longé la rivière Tanimas au-delà de la forêt de Kok Jar, je manque totalement d’imagination, et ne poursuis pas mon chemin vers le glacier Grum Grjimailo, à seulement 20 ou 25 kilomètres. Ce glacier, source de la rivière Tanimas est un bras excentré du légendaire glacier Fedchenko, le plus grand glacier continental en dehors des terres arctiques, long de 70 km. C’était pourtant l’occasion inespérée de côtoyer l’Histoire des aventuriers et explorateurs du Pamir…
Je ne comprends absolument pas ce qui m’est passé par la tête à ce moment-là. J’en viens à croire que mon cerveau était mal irrigué, et je suis furieux contre moi-même !














Mon enclos vu du ciel : un havre pour la nuit


Toujours est-il que je descends le cours de la rivière, au lieu de la remonter, et découvre avec beaucoup de satisfaction «l’enclos» à chèvre dans lequel, depuis Roscoff, j’avais prévu de passer une nuit idyllique.  Le long de la rivière Tanimas, les photos aériennes n’offrent en effet pas beaucoup de curiosités, et j’en avais donc «visité» les moindres détails. De près maintenant, je constate à l’odeur que l’enclos est encore en usage courant, et qu’un cabanon exigu est réservé au berger.
Mais, sans façons, ce sera pour une autre fois…







Sur une belle prairie irlandaise règne une petite famille qui a reconstitué la maison pamirie dans sa tente : une excavation centrale crée des banquettes en équerre recouvertes de tapis.
Le maître de céans est très intéressé par mon opinel, qui semble avoir toutes les qualités requises pour égorger le mouton. Je n’y vois pas d’objection (il faut bien s’adapter aux usages), mais je comprends un peu tard que le sacrifice n’est pas pour l’heure, et moi, je voudrais bien m’en aller, et si possible avec mon couteau… D’autant que le précédent est resté contre mon gré dans la campagne iranienne près d’Aligoudars. Heureusement, je sais dire que «je n’en ai qu’un», «j’en ai besoin», et argument suprême «c’est un cadeau de ma femme pour m'encourager à voyager». Je le récupère, mais je provoque beaucoup de déception…




Sur la piste de Goudara, un minibus me dépasse, et m’offre une place. En y jetant un œil, je ne vois pas bien où. De toutes façons, il n’en est pas question, et j’explique que je vais «pioda, pioda»*. Alors, dans ce cas, il faudra faire une halte demain à Goudara chez Arab, l’un d’entre eux !
Cinquante mètres plus loin, le minibus tombe en panne…
C’est comme ça les minibus, malmenés sur la piste cabossée, longue de 120 km, entre Karakoul et Goudara : «à l’arrivée il y a deux morts, le chauffeur et le minibus». Moi, j'ai vu la piste, et ce qui m’étonne, c’est que les passagers, eux, puissent rester en vie !




Je veux trouver un coin protégé du vent, protégé des regards, protégé des ronflements de la rivière, horizontal, meuble, gazonné, pour camper, et il se fait attendre. A force d'ajouter encore un tournant, allez encore un, je déniche à la nuit tombée au bout de trente kilomètres, épuisé, un pâturage où des arbrisseaux protègent ma tente.



Les graffitis en cyrillique décorent les coins les plus reculés, œuvres des touristes russes pour qui ces républiques d'Asie Centrale étaient une chasse gardée.

* pour les persanophones : non, non, il n'y a pas d'erreur (du moins je le crois) "pioda" en tadjik vaut "piâdé " en iranien. Bientôt, un petit aperçu de mes difficultés linguistiques...

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