11 septembre : les bons usages


Le village de Baghou est coupé en deux par un torrent : le pont avait été emporté par les crues, mais le voilà remplacé par un solide ouvrage de bois qui a nécessité un détournement provisoire de l’eau, et qui rétablit maintenant la continuité de la piste.
Je rencontre le chauffeur d’un minibus qui m’explique qu’il conduit des étudiants à Douchanbé le dimanche pour la reprise de leurs cours le lundi matin. Il reste une place libre pour moi, si je veux les accompagner demain, et «ce n’est pas cher». Le départ se fait vers 5 heures du matin, car la route est longue et en mauvais état.
C’est une occasion inespérée, car je craignais de devoir retourner à Xorog pour trouver un moyen de transport vers la capitale tadjique, et faire ainsi 60 km dans la mauvaise direction. J'accepte la proposition pour 250 somonis.





Pour occuper ma journée, je monte dans la montagne le long du torrent, et quand je crois être allé assez loin, et être seul, je lave consciencieusement tous mes vêtements, et prends un bain décrasseur et déodorant, de façon à faire bonne figure dans le minibus et en ville. J’ai bien compris que le chauffeur est très pointilleux sur la tenue de ses passagers, et n’apprécie pas ma barbe inculte… Mais mon rasoir est complètement encrassé par le savon de Marseille que j’ai cru pouvoir utiliser. Or, c’est non, il faut le savoir, randonneurs scrupuleux, ce savon ne convient pas au rasage, et moi je reste négligé, tant pis.
A peine suis-je rhabillé que deux gars descendent de la montagne à ma rencontre.





Les explorateurs des temps jadis avaient tous des préoccupations de géographes, d’ethnologues, de botanistes, d'entomologistes. Par esprit d’imitation romantique, j’occupe mon après-midi à herboriser, et me constitue un petit herbier, utilisant pour cela les filtres à café que j’avais emportés pour boire l’eau grise de la rivière. En pratique, l'eau brute des nombreux torrents m’aura suffi tout au long du trajet.











Chez le chauffeur du minibus les femmes s’activent à la préparation des conserves de légumes pour l’hiver : dans une grande bassine bout une soupe de tomates, de poivrons, d’oignons et d’ail.
J’ai du mal à comprendre les rites du savoir-vivre lors des repas dans ce village. Je vais dîner en tête-à-tête avec quatre convives successifs, et sur deux estrades différentes. Je commence par un thé et des tomates fraîches avec le chauffeur, puis un bol de la soupe qui bout avec un gamin qui y plonge son pain de sa main sale et pansée ; ensuite je traverse le village pour un bouillon de viande «pas pour moi» en compagnie de la belle-sœur du chauffeur, qui s’éclipse finalement pour laisser sa place à son beau-frère…





Mon chauffeur de minibus







Un instrument omniprésent




8.7 km




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire