7 septembre : Le village enchanteur



 Trois générations


La rivière est très encaissée et ventée, le soleil tarde à dépasser les cimes dans le ciel bleu. Dans ce défilé, la piste a souffert sur de longs tronçons emportés par les flots. En amont d’un confluent, un banc de sable m’accueille pour un bain complet et une lessive intégrale. Très frais et aseptisé, je vais quitter la rivière pour grimper le long du gros torrent par les gorges qui mènent au village de Bardara, à 8 kilomètres de là. Y vivent 905 habitants, en sécurité à 2800 mètres d’altitude et 410 mètres au dessus de la vallée menacée d'où je viens.


 Non,ce n'est pas la famille du cantonnier


Et Bardara, sous le soleil revenu, aux beaux jours de la floraison et de la fenaison, prend les couleurs de l’Eden. Dans la maison pamirie du cantonnier qui rafistolait la piste et préparait des trous de mine, je suis accueilli par sa femme et sa fille ravissantes. Elles s’affairent pour un vrai repas pendant que je déguste  enfin des abricots frais, et du thé au beurre. Les pommes-de-terre rissolées dans l’huile, et pimentées d’oignons avec les petites rondelles découpées de leurs fanes me rassasient pour de bon.

















Un tour complet du village en pleine activité estivale me comble de scènes oubliées, de tradition séculaire, de couleurs appariées. La température est clémente, les gerbes sont liées à la main et rangées en chenilles dans les prés, les adolescents se servent d’une sorte de lasso crocheté de bois pour endosser des fagots volumineux, les fleurs de cosmos épanouies éblouissent la chaux fraîche des torchis.








La salle de réunion ismaélienne repeinte de bleu et de blanc s’ouvre sur un majestueux cyprès multi-centenaire. Je sais que cette harmonie est éphémère sous la rigueur du climat, et j’imagine le village sous le mètre de neige qui règne de novembre à avril…




















 
Je parie qu'avec votre œil averti vous avez déjà repéré cette petite fille sur la seconde photo. Je vous la présente maintenant même si vous l'avez reconnue : c'est bien sûr l'arrière-petite-fille de Roxane et d'Alexandre, rousse comme son célèbre aïeul dont l'empire a frôlé le Pamir. Je n'ai pu m'empêcher de complimenter sa maman sur ses cheveux !






Redescendu sur la Bartang, je dois me couvrir de la tête aux pieds pour échapper aux moustiques !


23,5 kilomètres

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